L'éternité, c'est long. Surtout vers la fin.
L'ekonomik s'arrête à tout les villages, criant avec une ironie peut-être, le nom de la destination finale, le bout d'un parcours qu'on espère et espère pendant plus de douze heures. Et à chaque arrêt, le même marché se monte, les mêmes guitaristes qui y sautent le temps d'une ballade et d'un discours trop de fois répétés. Les mêmes marchants de riz, d'eau, de crayons, de fausses montres dorées. Java me sera resté marqué au fer des autobus et des interminables attentes, soûl du paysage comme d'une vieille pellicule défilante.
Puis, en un moment brusque, l'espace se comprime, et le fourgon se remplit sans perdre un seul centimètre, de gens comme de volaille criante doublement en cage. Je suis presque heureux d'avoir un bout de siège alors que les inconnus s'offrent une épaule pour mieux dormir. Les fissures en haut des vitres sont trop petites, je me dis, l'air trop rare et j'ai peur de tomber. Nous sommes un énorme projectile, une boîte en acier rugissante dont la paradoxe demeure cette risible urgence qui dure des éternités...Nous sommes le temps. Nous sommes des années-lumières qui ne verront pas le jour. Dans la pluie, dans la boue, dans l'inconnu, je sens toute la misère de cette route dans la nuit sur ma peau. Alors, je ferme les yeux sous la fumée des kreteks et l'odeur tatouée de la sueur et de l'essence brûlée.
...
Dans un terminal au milieu de la nuit, je me plaint de "l'enfer" à un jeune homme du pays. Il devait croire que j'étais lâche, puis me répond: "c'est simplement car tu veux tout voir."
Et c'est vrai, je supporterai tout pour le bout du chemin.
Puis, en un moment brusque, l'espace se comprime, et le fourgon se remplit sans perdre un seul centimètre, de gens comme de volaille criante doublement en cage. Je suis presque heureux d'avoir un bout de siège alors que les inconnus s'offrent une épaule pour mieux dormir. Les fissures en haut des vitres sont trop petites, je me dis, l'air trop rare et j'ai peur de tomber. Nous sommes un énorme projectile, une boîte en acier rugissante dont la paradoxe demeure cette risible urgence qui dure des éternités...Nous sommes le temps. Nous sommes des années-lumières qui ne verront pas le jour. Dans la pluie, dans la boue, dans l'inconnu, je sens toute la misère de cette route dans la nuit sur ma peau. Alors, je ferme les yeux sous la fumée des kreteks et l'odeur tatouée de la sueur et de l'essence brûlée.
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Dans un terminal au milieu de la nuit, je me plaint de "l'enfer" à un jeune homme du pays. Il devait croire que j'étais lâche, puis me répond: "c'est simplement car tu veux tout voir."
Et c'est vrai, je supporterai tout pour le bout du chemin.

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