vendredi, février 10, 2006

The fleeting moment

Entre mon oeil et le reste, il y a parfois un objectif. La machine entre mes mains, l'obsession me depasse; celle du cadrage, de la lumiere, de la vitesse. Mais derriere tout ce manege, ce sont les rouages de la peur qui me hantent. "Ne pas croire mes yeux" revient aussi a ne pas leur faire confiance, et preferer marquer aux pigments de la pellicule la memoire des beaux jours ici. Car le photographe a trop peur d'un lendemain sans souvenir, il prend, et prend, mais oublie le moment deja fuyant . Et le present echappera toujours entre mes doigts...

"Plaid the fleeting moment to remain" a ecrit un poete a propos de la photographie.





Le brouillard nous accueille a Sapa. Je trouve drole de faire des milliers de kilometres jusqu'ici, et devoir encore imaginer les lieux. C'est un village axe autour de son marche ou se rejoignent differentes ethnies. Sous une fine pluie qui ne tombe mais flotte toute la journee, je me sens transporte quelques decennies en arriere. Quelquepart dans une ere sovietique, les bottes pleines de boues.

Le voile enfin se leve un matin, et la lumiere transperse les rideaux, les yeux encore fermees. Nous marchons un chemin de 20 kms a travers 3 villages. Les paysages jouent a la geometrie et l'eau la traverse.

Les jeunes filles Hmong, sous la pluie et la brume, s'attroupent pour regarder la petite television accrochee dans le restaurant vietnamien. C'est une teleserie coreenne sur la vie amoureuse des adolescents de la ville et elles rient. Mais lors du temps des publicites, je me retourne et elles ont deja quitte.

A 13 ans, elles parlent pres de 4 langues, et vient chercher les touristes pour les amener dans leurs villages. Dans un bar, un melange un peu inquietant s'operent, musique electronique branchee et filles villageoises au costume traditionnel. Elles sont jeunes et toutes petites, mais parlent fort, taquinent, joue au billard et tape les cartes comme des hommes animes par les As.